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Page:Urfé - L’Astrée, Seconde partie, 1630.djvu/934

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Et quoy, dit-elle en sousriant, n’en voudriez-vous point ailleurs ? La princesse se mit à rire, et apres luy dit: Et que pensez-vous dire, Isidore ? Je pense, que vous donnez. – Que voulez-vous que j’y fasse, dit-elle en se frottant les yeux, Ursace me fera devenir folle.

Et parce qu’il estoit tard, et que Eudoxe ne se vouloit point cacher de ceste fille, dont l’humeur luy estoit tres agreable et la prudence fort cognue, en se levant de dessus le lict, elle me prit par la teste et me baisa, et s’approchant du feu elle me commanda de me retirer, ce que je fis, mais non pas sans user du privilege qu’elle m’avoit donné de la baiser. Et parce qu’elle prit garde qu’Isidore la consideroit sans dire mot, elle luy dit: Que regardez-vous, Isidore ? – Je regardois, madame, dit-elle, si la mouche vous avoit fort picquée. – Quelle mouche ? dit la princesse. – La mouche du jardin, dit-elle, car ce chevalier vous fait souvent la recette de la picqueure. Et à ce mot, prenant un des flambeaux qui estoient sur la table, elle se mit devant moy pour me conduire par un petit degré derobé, qui sortoit dans la basse court du chasteau, non pas sans qu’Eudoxe ne sousrit de ceste rencontre, et ne luy dit: Gardez qu’estant seule avec luy, il ne vous fasse la mesme recette. – N’ayez peur, madame, dit- elle, ceste recette ne, vaut rien pour moy, car je ne croy point en paroles.