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Page:Urfé - L’Astrée, Seconde partie, 1630.djvu/935

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Voilà en quels termes j’estois lors que Valentinian espousa ceste belle princesse, qu’incontinent apres, il emmena en Italie. Je ne vous dis point les regrets que je fis, ny les desplaisirs que je receus, principalement la nuict de ses nopces, parce qu’ils vous ennuyeroient, et qu’ils furent entierement inutiles; mais ceux de la belle Eudoxe ne furent guieres moindres, à ce qu’elle me dit, et Isidore, qu’elle emmena avec elle quand elle partit de Grece, pour l’extreme confiance qu’elle avoit en elle. A quoy Valentinian ne contraria pas, comme vous pouvez penser. Mais si ceste premiere nuict me fut presque insupportable, je ne fus pas sans peine à trouver une excuse pour suyvre ceste belle princesse, car j’estois tombé malade du grand desplaisir que j’eus, lors que Valentinian estoit party, et depuis ayant receu ma santé, je demanday congé à l’empereur de suivre Ariobinde, ou Asila, deux grands capitaines qu’il donnoit à Valentinian, avec une armée pour l’assister contre l’inondation de ces peuples barbares, qui de tous costez se venoient jetter sur son empire. Mon aage et ma juste requeste obtindrent facilement ce que je demandois, mais le malheur ne voulut-il pas que ceste armée s’estoit arrestée en Sicile ? Et Valentinian ayant passé outre et la belle Eudoxe, Theodose nous contremanda, à cause d’Attila, qui par le moyen des Huns,