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Page:Urfé - L’Astrée, Seconde partie, 1630.djvu/951

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que les protestations contraires de sa femme, ne seroient que des excuses. Et quant à ce qui est de Dieu, ressouvenez-vous, seigneur, qu’il sçait bien qu’encores que vous soyez Cesar, vous ne laissez d’estre homme, et cela estant, il excusera aussi bien en vous ceste faute, qu’en tout le reste des hommes, mesme que j’ay ouy dire à quelques-uns, que s’il ne se resout de pardonner ceste erreur, il peut bien faire estat de demeurer seul dans le Ciel, ou pour le moins sans homme. Ne laissez donc perdre ceste commodité que vous regretterez longuement en vain, si elle, vous eschappe sans que vous vous en serviez.

La sage Isidore qui vit que l’empereur se laissoit emporter aux meschantes persuasions d’Heracle, voulut reprendre la parole pour respondre à ce qu’il avoit dit, mais l’eunuque qui en eut peur, et qui veit bien que son maistre desiroit, et n’osoit pas user de violence, pour interrompre Isidore, luy dit : Seigneur, n’escoutez point la voix de ceste sireine, qui ne parle de ceste sorte que contre sa propre intention, et qui pour vous faire croire qu’elle est preude femme, ne desire rien tant que d’y estre contrainte par vous, afin de pouvoir se couvrir ainsi de ceste action. Et croiez que si vous laissez perdre ceste commodité, elle vous mesestimera, et se mocquera de vous, et si vous me le permettez,