Page:Urfé - L’Astrée, Seconde partie, 1630.djvu/950

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

redit les considerations qui la faisoient renvoyer sans l’avoir touchée : Est-il possible, dit-il, seigneur, que des paroles vous puissent faire perdre une telle occasion de vous contenter ? Vous arrestez-vous aux belles promesses qu’elle vous fait ? et ne voyez vous pas que ce n’est que la crainte qui en est cause ? Et d’effect, vous a-t’elle jamais parlé de ceste sorte, que depuis qu’elle se voit entre vos mains ? Craignez-vous ce que l’on pourra dire ou de vous ou d’elle ? De vous, c’est sans raison : car que peut-on dire pis que de vous publier infiniment amoureux, d’une belle dame ? Et quelle injure est celle-là, ou qui sont ceux qui s’en sont souciez ? Et quant à ce qui la touche, aussi bien n’y a-t’il personne qui (sçachant que vous l’aimez, et que vous l’avez tenue en ce lieu si longuement sans autre tesmoing que Heracle) ne croye que vous en avez passé vostre envie ? Et plus vous direz et jurerez le contraire, et moins vous adjoustera-t’on de foy. Que si personne n’en sçait rien, et que la chose soit secrette, comme il ne tiendra qu’à vous deux qu’elle ne le soit, qu’importera-t’il à sa reputation ? Ce qui ne sera point sceu, ne luy touche non plus que s’il n’estoit pas. Et quant à ce qui est de Maxime, ou il sçaura qu’elle a esté icy, ou il ne le sçaura pas. S’il l’ignore, il ne sçaura non plus tout ce que vous ferez, et s’il le sçait, dites-moy, je vous supplie, où est le mary qui ne croiroit tout le pis qui en sçauroit estre, et qui ne penseroit