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Page:Urfé - L’Astrée, Seconde partie, 1630.djvu/957

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en Gaule, vers son pere, duquel redoutant le courroux,il pensa estre à propos de se fortifier de l’amitié des Huns, en leur promettant toute sorte d’assistance. Attila qui n’avoit pas moins promis à son ambition que tout l’Empire d’Occident, ayant renouvellé et remis son armée en bon estat, prit le chemin des Gaules, mais auparavant depescha vers Thierry, pour lors le plus puissant roy de tous ceux qui les avoient occupées, car il tenoit presque toute l’Espagne, et une grande partie de la Gaule, à sçavoir depuis les Pirenées, jusques à Loire. Et parce que Attila redoutoit la grandeur de ce puissant Barbare, il luy fait entendre qu’il ne vient en Gaule que contre les Romains, et qu’ils partageront ensemble l’empire qui aussi bien s’en alloit tout dissipé. Il en fit de mesme à Gondioch, roy des Bourguignons, et à ce vaillant Merovée, roy des Francs, et successeur de Clodion, fils de Faramond, et traitta si secrettement avec Singiban roy des Alains, qu’il luy promit de tenir son party.

Mais Ætius qui a esté l’un des plus avisez capitaine du monde, recognoissant sa ruze, la descouvrit à ces roys, leur fit entendre que quand les Romains seroient deffaits, Attila tourneroit ses forces sur eux, et se les rendroit tributaires comme il avoit desja fait à Valamer, et Ardaric, et aux autres ses voisins, et que l’amitié de l’empereur Valentinian leur estoit bien plus necessaire et