Page:Urfé - L’Astrée, Seconde partie, 1630.djvu/958

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honorable. Necessaire, d’autant que l’empire Romain estant si grand, et de si longue main estably, il n’y avoit pas apparence qu’il ne deust se maintenir, et qu’il estoit impossible que, ayant un si puissant voisin pour ennemy, ils peussent dormir d’un bon somme en leurs maisons. Que quant à Attila, ce n’estoit qu’un orage, qui estant passé ne reviendroit plus, et qui seroit de sorte matté, avant que d’arriver jusques à eux, qu’il ne sçauroit leur faire ny beaucoup de bien, ny beaucoup de mal. Et que l’amitié de l’empereur leur estoit plus honorable, d’autant que Valentinian estoit un grand prince, bon, qui leur estoit desja conjoint d’amitié. Qu’aux Bourguignons, il avoit donné leurs habitations où ils estoient, et que l’amitié de Walia avec constance, pere de Valentinian, avoit acquis aux Visigoths tout ce qu’ils tenoient en Gaule. Bref, qu’ils avoient desja esprouvé la foy de l’empire Romain, qui leur devoit empescher d’en douter, au lieu que ce seroit une grande folie à eux de se fier à Attila, de qui l’ambition estoit telle que, Violant tout droict divin et humain, il n’avoit pas mesme peu souffrir pour compagnon son frere Bleda, qu’il avoit miserablement fait mourir.

Ces remonstrances furent cause que les Francs, les Visigoths, les Bourguignons et les Alains se confedererent avec Ætius contre Attila qui ayant escoulé quelques années en l’apprest de son armée,