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Page:Urfé - L’Astrée, Seconde partie, 1630.djvu/960

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Ils respondent apres avoir veu les entrailles des animaux, qu’il perdroit la bataille, mais que le principal chef des ennemis y seroit tué. Luy qui creut que ce seroit Ætius, se resout à la donner, ne se souciant pas de la perdre, pourveu que ce grand capitaine mourust, esperant de bien tost remettre une autre armée sur pieds, et n’ayant plus un tel homme en teste, de se rendre incontinent tributaire l’empire Romain.

Il advint donc que le lendemain, la bataille se donna. Je pourrois bien vous particulariser tout ce qui s’y fit, car j’estois avec Ætius, aupres duquel je combatis ce jour là. Mais je serois trop long, et cela ne serviroit de rien à nostre discours. Tant y a qu’Attila fut vaincu, et contraint de se retirer dans son camp, qu’il avoit fermé de ses chariots. Et parce qu’il avoit opinion qu’on l’y viendroit attaquer, il avoit fait une haute piramide de toutes les selles et bats de son armée, au milieu de ses chariots, en dessein d’y mettre le feu et de s’y brusler plustost que de tomber entre les mains de ses ennemis. Je le vis ce jour là, et le lendemain aussi, et l’on recognoissoit bien à sa mine la vanité qui estoit en l’ame de cet homme.

Mais Priscus, secretaire de Valentinian, et qui fut envoié en Scithie vers luy, avant qu’il vint en Pannonie, m’a dit qu’il ne veid jamais un homme plus presomptueux ny plus hautain, ayant deliberé de se faire monarque de tout le monde, et dés lors se donnoit