ce n’a esté pour le service l’un de l’autre. De sorte que me voyant resolu de revenir à Rome, quand Ætius y retourna, il desira de faire ce voyage avec moy ; et d’autant que nous n’avions rien de secret qui ne fust communiqué entre nous, je luy declaray librement l’affection que je portois à Eudoxe, et la bonne volonté qu’elle me faisoit paroistre, le priant toutes fois de ne luy en point faire de semblant, de peur qu’elle n’en fust offencée contre moy. Ceste declaration fut cause que depuis se rendant familier d’Eudoxe, il prit la hardiesse de regarder Placidie sa fille, et commença de la servir, qu’elle n’avoit pas encores plus de douze ans, montrant en cela d’avoir quelque conformité d’humeurs avec rnoy ; car ce fut presque en mesme aage que je commençay de servir la mere, de qui ceste fille avoit beaucoup de traits. Olimbre estoit plus jeune que moy, n’ayant pour lors plus de vingt et sept ans, et moy j’en avois plus de trente et cinq, et la belle Eudoxe environ trente. Toutesfois la difference de l’aage, de luy et de moy, ne fit point d’empeschement, ny à la naissance, ny à l’accroissement et conservation de nostre amitié, au contraire, il me semble qu’elle y estoit presque necessaire pour supporter les imperfections l’un de l’autre, parce que s’il faisoit quelque chose qui me despleust, j’en accusois sa jeunesse, et s’il en remarquoit en rnoy qui ne luy fust
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