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Page:Urfé - L’Astrée, Seconde partie, 1630.djvu/969

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infiniment estonné, je creus au commencement que les soucis du mariage en estoient peut-estre cause, ou que son mary luy estoit rude, ou la desdaignoit pour quelque autre, et ceste doubte me fit racourcir ma visite plus que je n’eusse fait. Mais quand je remarquay depuis que Maxime l’aimoit et caressoit infiniment, quand je sceus les richesses qui estoient en ceste maison, je perdis l’opinion que j’avois eue, et né peus imaginer la cause de sa tristesse, qu’un soir que, parlant à la belle Eudoxe, je sceus qu’elle ne venoit plus à la Cour que fort rarement, et qu’elle estoit si changée envers elle, qu’elle n’estoit pas cognoissable. Je me doutay incontinent, non pas de tout ce qui estoit advenu, mais d’une partie, et m’enquerant si l’amour de Valentinian continuoit, et qu’elle m’eust dit qu’elle n’y avoit point pris garde : Croyez, luy dis-je, ma princesse, qu’il y a quelque mal entendu entre-eux, et que l’empereur luy a fait quelque desplaisir, ou le luy a voulu faire, et que cela l’empesche de vous voir si souvent qu’elle avoit accoustumé, car vous ne l’avez pas esloignée de vous par quelque défaveur. Son mary ne la traitte pas mal, et ses affaires domestiques ne la contraignent pas de vivre de ceste sorte, si bien que la cause doit venir de plus haut. Que si c’estoit quelque maladie du corps, elle paroistroit autrement. – Je croy, me dit-elle, que vous avez raison, car elle ne me voit jamais qu’elle