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Page:Urfé - L’Astrée, Seconde partie, 1630.djvu/974

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II creut donc estre a propos d’oster du monde Ætius, afin que Valentinian, estant affoibly de ce costé-là, fut apres plus aise à ruiner. Mais quand il eut pris ceste resolution, la difficulté fut de l’exécuter, parce que la grande puissance de ce vaillant capitaine estoit telle que par force mal-aisément l’eust-on peu offencer, et sa prudence si grande, que la finesse et la ruse estoient bien foibles pour la decevoir. Il pensa donc qu’il n’y avoit point un meilleur instrument que le mesme Valentinian, duquel il cognoissoit l’humeur soupçonneuse, qui se conduisoit par des ames viles et basses, et craignoient les moindres apparences du danger. Il s’adresse à Heracle, qui avoit tousjours porté depuis, comme par une secrette punition de Dieu, les marques des ongles d’Isidore, et luy represente la soupçonneuse grandeur d’Ætius, l’honneur que toute l’Italie luy avoit fait à son retour, les louanges que chacun luy donnoit, l’amour que le peuple luy portoit, l’affection des soldats, les richesses qu’il avoit acquises en Gaule, les liberalitez ou plustost prodigalitez envers tous, le credit qu’il avoit parmy les estrangers, les intelligemes avec les ennemis de l’empire. Et bref, pour confirmer du tout ce soupçon, luy remonstre qu’ayant peu deffaire et ruiner entierernent Attila, il l’avoit fait sauver et luy avoit donné passage, avec promesse,