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Page:Urfé - L’Astrée, Seconde partie, 1630.djvu/978

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gens refugiez, ont dit que jamais republique ne fut fondée en un point plus heureux que celle-cy. Non pour une grande et fort estendue domination, mais pour sa longue durée, qui ne sembloit point avoir de fin, sinon lors que toutes les choses qui sont sous la lune, doivent estre changées. Et pour la douceur de la vie, pour les justes loix, et pour les grands personnages qui en sortiroient, fust en paix, fust en guerre. Qu’elle remettroit l’empire de Constantinople, et luy donneroit des empereurs, que ses armes se verroient victorieuses par tout l’Orient, et que l’Italie, et tous les princes d’Occident estant pres d’estre surmontez par quelque grand et dangereux Barbare, seroient rendus victorieux prés de Naupacte, et remis en leurs premieres seuretez.

Bref, ils promettent tant d’heur, et de felicitez à ces petites isles, qu’il semble que ce doive estre un jour le recours de tous les affligez, et de tous ceux qui ne trouvent point d’asseurance ailleurs ; et qu’à ceste occasion Dieu ne leur a point voulu donner d’autres murailles que la mer, pour faire entendre qu’elle est ouverte à tous les hommes. Dieu qui dans sa profonde Providence dispose toute chose à une bonne fin, sçait luy seul si ces predictions sont veritables, et pourquoy il veut les favoriser de tant de bon heur ; tant y a qu’il se voit beaucoup d’apparence de leur future grandeur, puis qu’à peine tout ce