Page:Urfé - L’Astrée, Seconde partie, 1630.djvu/988

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il advient que par vostre volonté ou autrement, quelqu’un vous pssede en qualité de vostre mary, je le feray mourir avec la mesme main que maintenant vous tenez entre les vostres, sans que vous en puissiez estre offencée contre moy ny que vous diminuiez l’amitié que vous m’avez promise. Elle alors, s’abouchant à mon oreille : Je ne le vous permets pas sedement, me dit-elle, mais je vous croyray pour traistre, et deffailly de cœur, si vous ne le falctes. Et à ce mot elle se mit comme elle estoit, et passasmes la nuict comme nous l’avions commencée.

Mais helas ! je ne jouis pas long temps du contentement d’estre seul aupres d’elle, ny mon amy non plus, d’estre aupres de Placidie, car le lendemain ce tyran de Maxime voyant qu’Eudoxe et ses deux filles s’estoient çanvées, envoya de tous costez pour nous attraper et depescha tant de gens, qu’en fin nous fusmes rencontrez et ramenez vers luy, quelque deffence qu’Olimbre et moy puissions faire, qui apres avoir esté blessez en divers lien, mais moy beaucoup plus qu’Olimbre, fusmes en fin emportez vers ce tyran, qui, ne se contentant pas d’avoir tué Valentinian et usurpé l’empire, voulut encores pour une entiere vengeance, on plustost pour raffermir son usurpation, et luy donner quelque couleur, espouser la belle Eudoxe. O Deux ? que ne fit-elle poinct pour s’en empescher ? mais ô Dieux ! que ne ressentis-je point ? J’estois de sorte blessé que je ne pouvois sortir