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Page:Urfé - L’Astrée, Seconde partie, 1630.djvu/989

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du lict, et entre les coups que j’avois, j’estois tres-mal d’une jambe et du bras droit, si bien que je ne me pouvois aider ny de l’un ny de l’autre.

En fin le tyran voiant que Eudoxe n’y vouloit point consentir de sa volonté, usa d’une si grande violence que dix ou douze jours apres la mort de Valentinian, il contraignit Eudoxe d’estre sa femme. Je sceus ces nouvelles par Qlimbre, qui estoit des-jà presque guery, et qui ne bougeoit le plus souvent du chevet de mon lict. Et lors que nous ne scavions que juger de ceste action, et que nous estions presque en doute qu’il n’y eust du consentement de cette princesse, je receus une de ses lettres qui fut telle.

Lettre d’Eudoxe à Ursace

Si Eudoxe n’est miserable, il n’y en eut jamais au monde. Je suis entre les mains d’un tyran, qui me force à des injustes nopces. J’appelle Dieu qui a ouy les serments que je vous ay faits, pour tesmoing que je n’ay consenty ny ne consentiray jamais à sa volonté, et que je vous somme de la promesse que vous me fistes en mesme temps, si vous ne voulez que je me plaigne autant de vous, que vous et moy avons d’occasion de nous