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Page:Urfé - L’Astrée, Seconde partie, 1630.djvu/99

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amour pour amour, et recevoir desir pour desir, sans que Thamire puisse s’y opposer pour son interest particulier.

Car que peut-il pretendre en ce que librement il a donné, et pour satisfaire à ce qu’il devoit, et dont volontairement il s’est despouillé à mon advantage ? Tant s’en faut qu’il me la puisse debatre par quelque raison qu’il veuille s’imaginer, qu’au contraire il seroit plustost obligé de me la maintenir envers tous et contre tous, puis que c’est de luy de qui je la tiens. Mais, dira-t’il, je te l’ay donnée sans te devoir rien et de pure et franche volonté, pourquoy serois-je obligé à ceste garantie ? Et quoy, Thamire, appellez-vous cela pure et franche volonté, à quoy vous venez d’advouer devant vostre juge que vous avez esté forcé par les raisons que vous vous estes vous-mesmes alleguées avant que de me la remettre ? N’avez-vous pas desja jugé que pour l’asseurance que mon pere a eue en vous, pour la priere qu’il vous a faite en sa mort, et pour l’amitié qu’il vous a toujours fait paroistre, vous creutes de me devoir sauver la vie en vous despouillant à mon advantage, de la possession de ceste belle Celidée ? Et appellerez-vous pure et franche volonté ce que vous avez esté contrainct de faire pour vous acquitter de tant d’obligations ? Est-ce ainsi qu’en payant vos dettes vous avez opinion d’obliger vos creanciers ? J’advoue, grande nymphe,