Page:Urfé - L’Astrée, Seconde partie, 1630.djvu/996

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danger en quoy vous vous mettriez, et puis vous me feriez un trop grand outrage, si autre que moy nettoit la main dans le sang de celuy qui est parricide de mon seigneur, et qui par violence vous a ravie. Mais voicy ce que je juge à propos : Valentinian, quelque temps avant qu’Attila tourna ses armes contre l’Italie, avoit fait la paix avec Genseric roy des Vandales, et luy laissa l’Affrique, à condition qu’il fust son amy et confederé. Ce Barbare a tousjours depuis fait paroistre qu’il aimoit l’empereur, et ne s’est voulu allier avec ses ennemis. Faites luy sçavoir la meschanceté de Maxime, le meurtre de Valentinian, l’usurpation de l’empire, la force qu’il vous a faicte, et le sommez de I’amitié qu’il a promise à l’empereur, par laquelle l’Affrique est sienne. Et ne doutez point qu’il ne vous secoure, car encores qu’il soit barbare, si est-il genereux, et telles nations font plus d’estat de conserver l’amitié aux morts, que non pas à leurs amis vivants, leur semblant qu’il n’y a rien qui les y porte ny convie que la libre volonté qu’ils ont de maintenir leur promesse. Et toutesfois, afin que vous ne soyez pas deceue en luy, tous ces Barbares sont avares de leur naturel, offrez luy l’empire ; et afin qu’il l’entreprenne de meilleure volonté et avec plus d’asseurance, faites-luy entendre le moyen que vous avez de luy donner I’Italie, et combien vous