Page:Urfé - L’Astrée, Seconde partie, 1630.djvu/998

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m’en empeschoit pour lors, outre que j’avois faict vœu de ne sortir jamais d’Italie, que je n’eusse faict mourir le tyran, mais qu’elle se pouvoit fier de mon cher Olimbre, et que je l’asseurois qu’il ne failliroit jamais à chose qu’elle luy commandast, et que je luy respondois de son affection, de sa fidelité, et de sa capacité. Elle qui n’avoit desir semblable que de se vanger, et sortir des mains de ce tyran, s’en remit entierement à moy, et me pria de faire ceste depesche.

Je le fis, Silvandre, et Olimbre s’y monstra si sage et si diligent, qu’estant arrivé à Carthage, en moins de quinze jours, il disposa de sorte Genseric, fust à la vengeance, fust à l’usurpation et au pillage de Rome, que deux mois apres le roy Vandale print terre en Italie, avec trois cens mille combatans qu’il avoit ramassé des Affriquains, des Mores, ou Vandales, dont toute la ville fut de sorte effrayée et toute la province, que chacun fuyoit dans les montagnes, et dans les bois et rochers. Et parce que nous le solicitions de venir droit à Rome pour prendre le tyran, il se hasta tant qu’il peut, sans s’amuser à point de villes le long de son chemin, dequoy Maxime prit une telle frayeur que, sans faire aucune resistance, il permit à chacun de se retirer dans les montagnes et lieux plus cachez, et luy-mesme voulut fuyr comme les autres.

J’estois guery en ce temps là et ne me ressentois plus