Page:Urfé - L’Astrée, Troisième partie, 1631.djvu/1007

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plus belles que toutes les nymphes qui sont au monde. – Et quoy ? Lerindas, plus belles encores que je ne suis ? dict Galathée en sousriant. – O madame ! repliqua-t’il un peu surpris, ne parlons point de vous, vous estes la dame et la maistresse des nymphes ; mais je dis bien que toutes les autres leur doivent ceder autant en beauté que je suis moins beau que la plus belle de vos nymphes. – Vous verrez, dict Silvie, que Lerindas est devenu amoureux. – Je ne le serois pas devenu, respondit-il avec un visage mesprisant, si elles estoient aussi desdaigneuses que vous.

Galathée alors, faisant un esclat de rire : Pour certain, dit-elle, Silvie a raison infailliblement. Lerindas est amoureux de ces bergeres ; mais laquelle te semble la plus agreable des trois ? – Attendez, madame, respondit-il, je n’ay pas peu affaire à discerner ce que vous me demandez. L’une a plus d’attraits, l’autre plus de modestie et l’autre plus de beauté. La premiere s’appelle Daphnide, l’autre Diane et là troisiesme Astrée. – Je m’asseure, reprit Galathée, que c’est ceste Astrée qui est la plus belle, n’est-il pas vray ? – Il est certain, dit-il. Et Diane est la plus modeste et Daphnide la plus attirante ; et, pour dire la verité, les attraits me plaisent fort, la modestie m’est bien agreable, mais en effect j’ayme mieux la beauté. Et par ainsi je conclus que si je suis devenu amoureux, il faut par necessité que ce soit d’Astrée. Mais, madame, croyez que