Page:Urfé - L’Astrée, Troisième partie, 1631.djvu/1074

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luy demander de ma part aussi tost que vous le verrez. Je scay que ces bergers, de l’humeur dont il est, ont accoustumé de se prevaloir des avantages qu’ils peuvent par semblables finesses obtenir sur les bergeres peu avisées ; si je puis, je ne veux pas qu’il en fasse de mesme de moy.

Phillis, qui cogneut bien que Diane estoit pressée du despit, et qu’il n’estoit pas temps de luy contrarier, se teut quelque temps, aprés luy avoir dit qu’elle le feroit aussi tost qu’il seroit revenu. Et alors qu’elles vouloient continuer leurs discours, elles virent venir toute la troupe vers elles, mais de beaucoup augmentée, parce que Adamas, Daphnide, Alcidon, Paris, Hermante, Stiliane et Carlis, y estoient, et de plus Lerindas, le messager de Galathée, qui ayant faict son message au grand druide ne s’en estoit pas voulu retourner sans voir Astrée et Diane, de la beauté desquelles il ne pouvoit assez parler.

Mais Adamas estoit demeuré avec une grande peine, depuis qu’il avoit sceu par Lerindas la volonté de Galathée, parce qu’il ne vouloit point luy desplaire, et il voyoit bien qu’il ne s’en pouvoit aller vers elle sans emmener Leonide, et il craignoit que celle qui avoit veu Celadon vestu en Lucinde, ne le recogneust desguisé en Alexis. Cela fut cause que ne sçachant à qui en demander avis, sinon à Leonide, et à la feinte druide, il proposa à la nymphe la peine où il en estoit. Leonide qui avoit l’esprit