à vous dire, que tous ceux d’un prince ont grandement de l’interest à sa conduite, puis que tout leur bien ou tout leur mal en despend.
Le roy Merovée, qui par la grandeur de ses faicts s’est acquis ce nom parmy les Francs, parce qu’en leur langage Merveich signifie, prince excellent, et non pas comme quelques-uns ont osé dire, pour le monstre marin, qui attaqua Ingrande sa mere, femme de Bellinus duc de Thuringe et fille de Pharamond, lors qu’elle se vouloit baigner dans la mer, que les Francs aussi nomment Merveich, et duquel ils ont voulu faire croire qu’il avoit esté engendré. Apres avoir gaigné plusieurs victoires, tant sur les Huns, Gepides, Alains, que Romains, et Bourguignons, et avoir regné douze ans, mourut plein de gloire, et de trophées, regretté de tous ces peuples, ne laissant de sa femme Methine, fille de Stuffart roy des Huns, et predecesseur d’Attile, surnommé le fleau de Dieu, qu’un seul fils nommé Childeric.
La reputation du pere, l’amour que les Francs luy avoient portée, car ils [le] nommoient la delice du peuple, et la grande estendue de ses conquestes furent cause qu’aussi-tost que Merovée fut mort, tous les Francs d’un commun accord esleverent Childeric son fils sur le pavois, et l’ayant couronné