Page:Urfé - L’Astrée, Troisième partie, 1631.djvu/1138

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d’une double couronne : l’une pour monstrer la succession des Francs, et l’autre pour tesmoigner les conquestes de son pere, ils le porterent sur les espaules presque par toutes les rues de Soissons, où il fut proclamé roy des Francs. Devant luy marchoient en premier lieu les heraux d’armes avec leurs marques en la main, et apres on voyoit les enseignes conquises par Merovée, sur les Huns, Gepides, Alains, Bourguignons, et Romains qu’on portoit trainantes par terre. Apres suivoient celles des Francs qui estoient semées de la fleur de pavillée sur de l’azur ; et les dernieres de toutes estoient celles de Merovée, son pere. La premiere avec un lyon qui essayoit de monter sur une haute montaigne pour devorer un aigle qui y estoit au plus haut avec ce mot,

AVEC PEINE S’OBTIENT LA PROYE.

Et l’autre, ayant un bouclier qui couvroit une couronne avec ce mot,

COUVERTE DE L’ESCU PLUS SEURE EST LA COURONNE.

Et faisant trois tours par toutes les rues principales, suivis du peuple, et accompagnez de leurs acclamations et de celles des soldats. Les feux de joye sur le soir furent allumez aux portes de la ville à gros flambeaux de cire qui bruslerent toute la nuict, et à la lueur desquels on dança et l’on chanta tant qu’ils durerent, faisant des resjouyssances si extremes,