Page:Urfé - L’Astrée, Troisième partie, 1631.djvu/114

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Mon serviteur, respondit Alexis, tant que vous m’aymerez, cette vengeance ne se fera donc point, car vostre bonne volonté m’est trop chere.

II vouloit respondre lors qu’Adamas l’interrompit, luy demandant qui estoient les bergers et bergeres qui venoient : Je suis bien aise, mon pere, luy respondit-il, que vous m’ayez fait souvenir de le vous dire ; car en partie, j’ay devancé cette troupe pour vous en advertir, et je l’avois oublié, tant la veue d’Alexis m’empesche de penser ailleurs. Sçachez donc qu’Astrée, Diane et Phillis y sont, et plusieurs autres des hameaux voisins, ensemble quelques estrangers, comme Florice, Circene et leur compagnie.

Mais cela ne m’eut pas convié de vous en venir donner advis, n’eust esté la rencontre que nous avons faicte en chemin de la belle Daphnide et du gentil Alcidon, qui desguisez avec des habits de berger, viennent en cette contrée chercher la fontaine de la Vérité d’amour ; car Daphnide est la plus estimée dame de la province des Romains, et Alcidon le plus aymé chevalier de Thierry, et du grand Euric ; et par ainsi vous voyez que je ne suis pas le seul estranger, qui changeant mon habit me desguise de celuy de berger, pour vivre heureusement en vostre contrée. Adamas luy respondit : Est-il possible que ce soit cette belle Daphnide, de qui le grand Euric roy des Visigots a esté tant amoureux ?