Page:Urfé - L’Astrée, Troisième partie, 1631.djvu/1191

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vie, qui vous rendra méprisable et odieux à tous ceux qui la sçauront, et particulierement aux Francs, de qui le courage guerrier ne peut aimer ny supporter un vicieux, ny un faineant pour son roy, mais aussi cet artifice duquel vous essayez de couvrir vos desseins effeminez sous le visage deguisé de la vertu. Autrement, Childeric, soyez asseuré que si de nom je suis vostre pere, je ne le seray point d’affection, et qu’au contraire je feray paroistre et à vous, et à chacun, que je ne contribue ny consens en rien à la honteuse et mesprisable vie que vous faictes.

Childeric demeura grandement confus, oyant ceste response de Merovée, parce que sa propre conscience le convainquoit, et toutesfois, suivant l’ordinaire coustume de tous ceux qui veulent couvrir leur faute, il essaya de s’excuser en partie des choses que son pere luy avoit reprochées, en niant entierement les unes, et desguisant de sorte les autres, qu’il eust peut-estre rendu sa cause bonne s’il eust parlé à une personne moins avisée que Merovée. Mais le sage pere ayant quelque temps escouté ses excuses : Enfin, dit-il en l’interrompant, vous estes bien marry, Childeric, que j’aye eu assez bonne veue pour recognoistre vostre faute, mais ce n’est pas de cela que vous devez estre fasché : soyez-le