Page:Urfé - L’Astrée, Troisième partie, 1631.djvu/1192

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d’avoir failly, et non pas que je l’aye recogneu, car estant vostre pere comme je suis, j’auray tousjours plus de soing de cacher vostre erreur que vous-mesme. Mais si vous estes sage, ne continuez plus cette vie qui sans doute vous fera perdre honteusement, et vous souvenez que tout prince qui veut commander à un peuple, se doit rendre plus sage, et plus vertueux que ceux desquels il veut estre obey, autrement il n’y parviendra jamais qu’avec la tyrannie, qui ne peut estre asseurée ny agreable à celuy mesme qui l’exerce.

A ce mot, Merovée le laissant, sans vouloir plus ouyr ses repliques, depescha incontinent à la royne Methine, que, sans plus prolonger ce mariage, elle en donnast advis à Semnon, le bon duc de la Gaule Armorique, afin que le tout se fist par son consentement et qu’ensemble elle l’asseurast qu’il rendroit Andrimarte tel, qu’il n’auroit point de regret d’avoir accordé sa petite-fille à un si accomply chevalier. La royne qui ne desiroit pas avec moins de passion de contenter Andrimarte, sans perdre un moment de temps, y envoya un ambassadeur, qui n’eut beaucoup de peine à l’y faire consentir, parce que Semnon oyant le nom d’Andrimarte, duquel la renommée luy avoit raconté tant de belles et genereuses actions, le receut pour son