Page:Urfé - L’Astrée, Troisième partie, 1631.djvu/1193

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gendre avec infinis remercimens à la royne de la faveur qu’elle luy faisoit de vouloir donner un tel mary à Silviane, se sentant de telle sorte obligé à Mérovée et à elle pour ceste eslection, qu’il tenoit pour bien recompencez tous les services qu’il leur avoit autrefois rendus, et leur remettant deslors entre les mains toute l’auctorité qu’il avoit sur elle, il les supplioit d’en vouloir disposer comme estant à eux. Que seulement il desiroit de veoir Andrimarte, afin de cognoistre celuy à qui Silviane et ses estats devoient estre, et pour l’obliger par la bonne chere qu’il pretendoit de luy faire, à aymer d’advantage sa fille, et à cherir selon leurs merites les peuples sur lesquels il devoit commander.

Ceste response ayant esté receue, la royne en donna incontinent son advis à son mary, qui jugea estre à propos qu’Andrimarte fist promptement le voyage vers le bon duc Semnon, afin de luy rendre le devoir auquel il estoit obligé, et cela d’autant plustost qu’en ce temps-là il avoit paix ou tréve avec tous ses voisins, si bien qu’il avoit moins à faire de sa presence. Andrimarte et Silviane, advertis de ceste prochaine separation, encore qu’ils sceussent que de ce voyage dependoit tout leur contentement futur, si est-ce que l’extreme affection qu’ils se portoient ne les y pouvoit