Page:Urfé - L’Astrée, Troisième partie, 1631.djvu/1272

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Aussi les bords que ton rivage
Emaille de belles couleurs,
Par un miracle de nostre aage,
Ont moins de roseaux que de fleurs,
Et les beaux yeux de tes bergeres
Plus divines que boccageres,
Bruslent nos coeurs ; mais tellement
Que tu peux benir la fortune,
Si l’eau que tu dois a Neptune
S’oppose à cet embrasement.

Encor’ seroit-il impossible
A cet Element d’empescher,
Que ton cœur ne receust sensible
Les traicts qu’elles sçavent lascher.
Mais considerant leur visage,

[8/9] La crainte de vivre en servage
Donne des aisles à tes pas,
Et faict que tu fuys leur presence,
Pour rencontrer plus d’asseurance
Dans la mer que dans leurs appas.