Page:Urfé - L’Astrée, Troisième partie, 1631.djvu/1273

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Combien de fois la jalousie
M’a faict souhaitter de pouvoir
Gouster les douceurs de la vie,
Dont tu jouys sans le sçavoir !
Poussé de ce desir extreme,
J’ay dict mille fois en moy-mesme :
O Dieu ! dont j’adore le nom,
Fais à mon amour ceste grace,
Que Lignon occupe ma place,
Ou bien moy, celle de Lignon.

Jamais la clairté de mon onde
Ne s’esloigneroit de ces lieux, ’
Pour chercher ailleurs vagabonde
Des objects qui luy plussent mieux ;
Car ravy de les voir si belles,
Je serois paisible pres d’elles,
Autant que dureroit le jour,
Et puis soubs une nuict contraire
Nous porterions à nostre mere
Pactole l’or, et moy l’amour.