de faire la guerre. J’envoye deux coureurs en vos prisons. Personne n’a encore parlé à eux. Ils sont prisonniers à discretion. Traittez-les comme il vous plaira : je les vous donne comme je feray tous les autres qui me tomberont entre les mains.
Je receus en mesme temps un grand plaisir et un grand desplaisir. Je ne sçaurois representer combien j’eus de contentement de voir que Daphnide me tinst si bien ce qu’elle m’avoit promis, mais je receus un coup bien cuisant, quand je vis que le roy I’entreprenoit, contre ce qu’il m’avoit juré. Car, de me retirer de Daphnide, je le jugeois impossible, et je sçavois fort bien que, si l’esprit de cette belle dame se trouvoit assez fort pour luy resister, Euric, transporté de passion, s’en prendroit à moy et m’esloigneroit de sa Cour. Que si aussi elle fléchissoit, et qu’elle se laissast vaincre, il n’y avoit point d’esperance de salut pour moy. En cette doute, je demeuray longuement incertain. Enfin, l’amour estant toujours, en mon cœur, le plus fort, je me resolus de luy conseiller de ne plus recevoir, s’il luy estoit possible, de semblables messages. Et toutefois la curiosité me fit desirer de voir ce que le roy luy escrivoit,