Page:Urfé - L’Astrée, Troisième partie, 1631.djvu/266

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ayant opinion que, si je faisois autrement, aussi ne laisseroit-elle pas de les lire, sans que je le sceusse. Ayant donc, dés long-temps, appris que c’est prudemment faict de donner ce qu’on ne peut vendre, je luy fis une telle response :

Response d’Alcidon à Daphnide

Ces deux prisonniers ne sont pas de qualité de demeurer longuement en mes prisons ; je les vous renvoye tous deux. Mais prenez garde que, si vous en escoutez d’autres, on ne die que forteresse qui parlemente se veut rendre.

Je serois trop ennuyeux à vous raconter toutes les lettres qu’en ce temps-là nous nous escrivismes. Car, n’estant qu’à six ou sept lieues l’un de l’autre, nous avions presque tous les jours de nos nouvelles. Tant y a que le roy, ayant resolu de vaincre aussi bien en amour qu’en guerre, s’opiniastra de sorte en la recherche de cette belle dame, que, quelque excuse qu’elle puisse trouver, il faut qu’elle advoue que, si ce ne fut Amour, ce fut pour le moins l’ambition qui la convia de l’escouter et de recevoir cette recherche. O dieux ! quelle est la folie de celuy qui pense y avoir quelque chose de certain dessous la lune, je