Page:Urfé - L’Astrée, Troisième partie, 1631.djvu/32

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tu pas qu’il seroit necessaire,
Pour trouver quelquesjois à ton mal guarison,
De nous hausser plus haut que ne veut la raison,
Ce garçon imitant, qui ne creut à son pere ?

Je vois bien que tu dis qu’en un suject si beau,
II vaut mieux que la mer nous serve de tombeau,
Et qu’amour dans la perte a mis la recompence.

O mon cœur ! il est vray, je ne t’en dédis pas ;
Mais pour n’estre deceus, n’ayons donc esperance.
De nul autre bon-heur, que-de ce beau trespas.

Chapitre 3

Diane le voyant en cest estat, cogneut bien qu’Astrée et Phillis luy avoient dit la verité, et qu’il se preparoit un grand combat pour elle, parce que depuis la mort de Filandre, elle n’avoit jamais eu ressentiment de bonne volonté, que pour ce berger. Et toutes-fois, pour estre une personne incogneue, elle se voyoit contrainte d’user d’extreme rigueur contre l’affection de ce berger, et peut-estre en quelque sorte contre la sienne propre. Durant ces pensées, Phillis qui aymoit Silvandre, depuis qu’en partie il avoit esté cause de faire cesser la jalousie de Lycidas, en eut pitié et se tournant vers Diane, luy dict fort bas en l’oreille : J’advoue, ma maistresse, que ce berger vous ayme mieux que moy, et je crains fort que si vous estes juste juge, je