Page:Urfé - L’Astrée, Troisième partie, 1631.djvu/31

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donné la charge de leurs trouppeaux à quelques jeunes enfans qui demeuroient au logis, elles s’acheminerent du carrefour de Mercure, où chacun se devoit assembler, pour apres s’en aller au temple de la bonne Déesse, et de là vers Alexis. Silvandre avoit devancé tous les autres, comme celuy qui n’avoit contentement que quand il voyoit Diane, ou quand, sans estre interrompu, il pouvoit entretenir ses pensées. Lors qu’elles y arriverent, ce berger chantoit, et estoit tellement ravy en son imagination, qu’encores qu’elles fussent tout aupres de luy, si est-ce qu’il ne les appercevoit point. Les parolles qu’il disoit estoient telles


Sonnet


Qu’il ayme en lieu trop haut.

Mon cœur qui t’eslevant d’un vol trop temeraire,
Ne vois de ton desir la folle trahison,
Ei qui sans y penser ovales le poison,
Sous un succre trompeur, que penses-tu de faire ?

Mon cœur, ne vois-