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Page:Urfé - L’Astrée, Troisième partie, 1631.djvu/344

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ne remets point devant vos yeux à quelle obligation vous peut lier l’affection que autrefois vous m’avez promise. Car je sçay assez combien maintenant elle a peu de pouvoir envers vous.

- Madame, interrompit Amintor, pour vous monstrer que vous n’avez jamais eu plus de pouvoir sur moy que vous en avez encore, je feray ce que vous me commandez, mais aussi à condition que vous me direz quelle est la perfidie dont vous m’accusez, et si ceste invention n’est point venue de la mesme boutique d’Alcyre. - Je crois, dit-elle, que cela pourroit bien estre. Toutesfois vostre escriture, que je cognois fort bien, m’empesche de dire que vous soyez accusé faussement.

Et lors, faisant apporter sa bourse, elle prit le papier rompu, qu’Alcyre luy avoit baillé, et luy en presentant une piece : Vous ne pouvez pas nier, dit-elle, que vous n’ayez escrit cela.

Et Amintor, l’ayant considerée quelque temps : J’avoue, respondit-il, que c’est de mon escriture, - Or, voyons, adjousta Clarinte, ce que ces pieces rejointes nous dirons de la perfidie que je vous reproche, car je confesse que la lettre m’a esté mise entiere entre les mains ; mais le despit que j’ay eu de me voir si laschement trahie de la personne de qui je le devois estre le moins, me l’a fait rompre comme vous la voyez.

A ce mot, sans qu’Amintor lui respondist rien, aussi estoit-il trop estonné, elle s’efforça de se relever un peu, et, en espandant les pieces sur la couverte,