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Page:Urfé - L’Astrée, Troisième partie, 1631.djvu/412

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crois, mon serviteur, respondit Alexis, que vous en parlez comme sçavant. – II est vray, dit-il, que je n’ay pas attendu jusques icy à faire mon apprentissage, mais si est-ce qu’elles ne se doivent pas attribuer la gloire de me l’avoir faict faire. Car avant que d’aymer Phillis, j’avois trouvé belle Laonice, et auparavant Madonte, et avant que toutes ces deux Chriseide. Et voilà ces trois belles estrangeres, dict-il, monstrant Florice, Palinice et Circene, qui tesmoigneront que je n’estois pas mesme apprentif, quand le long de l’Arar, je devins leur serviteur. Je ne dis pas que si Carlis qui est dans la galerie avec Daphnide, estoit icy, elle ne peust se donner la louange d’avoir esté la premiere qui a commencé de m’en faire la Ieçon. – Mais, dit Alexis en l’interrompant, pour glorieuse qu’elle puisse estre, je ne croy pas qu’elle se puisse vanter, si elle a esté la premiere, qu’elle soit aussi maintenant la derniere, puis qu’à ce que je vous oy dire, vous n’en avez aimé, mon serviteur, qu’autant que vous en avez rencontré. – Vous deviez, dit-il, ma maistresse, y adjouster ce mot de belles, car j’advoue que par tout où j’ay peu remarquer la beauté, je l’ay aimée et servie, mais il me semble que vous devez estimer cette humeur qui m’a fait estre à vous, et sans laquelle cette mal-faite de Carlis m’eust possédé toute seule. – J’estimerois grandement, respondit Alexis, cette humeur de laquelle vous parlez, si je