Page:Urfé - L’Astrée, Troisième partie, 1631.djvu/413

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ne craignois que, comme elle est cause que maintenant vous estes à moy, elle me donnera bien tost aussi le regret de vous perdre. – Ah ! ma maistresse, ne tenez jamais, je vous supplie, ce langage, car outre que vous offencez mon amour, encore est-il impossible que jamais cela puisse estre, puis que l’on ne me void aimer que la beauté, et hors de vous, il est impossible d’en trouver.

Je seray tres-ayse, respondit la druide, que vous ayez longuement cette opinion de moy, afin que je ne vous perde pas si tost que les autres, mais j’aimerois encore mieux que vous eussiez tant de persuasion, que vous peussiez faire croire à tout ce que vous dites de moy. – Il ne faut point, repliqua-t’il, de persuasion où la veue en rend de si bons tesmoignages. – Si tous, respondit Alexis, me voyoient avec vos yeux, leurs tesmoignages me seroient peut-estre favorables. – Je m’asseure, reprit Hylas, qu’il n’y a personne icy qui demente ce que les miens me disent. – Les vostres, respondit Alexis, voyent bien ce qui est, mais vostre bouche dit ce que vous voulez, et ces paroles avec lesquelles vous me louez plus que je ne vaux, tesmoignent assez que vous avez estudié en plus que d’une escole. – Je l’avoue, reprit Hylas, mais si puis-je dire sans vanité, qu’en moy l’escolier a surpassé le maistre. – Vous ne dites pas, interrompit Florice, qu’au temps que vous estiez mon escolier, vous preniez vostre leçon et de Circene, et de Palinice aussi, et que si