Page:Urfé - L’Astrée, Troisième partie, 1631.djvu/449

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ne feriez pas pour le fils d’Adamas, la premiere fois que vous le verriez, encore qu’il ne vous eust jamais tesmoigné aucune affection ? Toutes vos actions envers moy sont veritablement pleines de civilité et de courtoisie, mais à cela n’y estes-vous pas obligée envers tous ceux qui vous voyent et qui sont de ma qualité ? Et pensez-vous que ces devoirs que vous rendez à mon nom et à ma condition, puissent satisfaire pour ceux que mon extréme affection pense que vous luy devez ? Nullement, belle Diane, souvenez-vous qu’au fils d’Adamas il faut ces courtoisies et ces civilitez, mais à l’amour de Paris, il faut quelque correspondance de bonne volonté, si vous ne voulez que je continue à me plaindre, et de vous comme insensible, et de moy comme le plus malheureux qui aima jamais tant de beauté. Diane alors, après estre demeurée muette quelque temps, luy respondit froidement : Jusques icy j’ay tousjours creu qu’il n’y avoit rien en mes actions qui ne vous deust contenter, me semblant que je les avois disposées selon les règles que les filles doivent observer, mesme lors qu’elles veulent honnestement plaire et s’obliger quelqu’un ; mais à ce que je vois, je n’y suis pas parvenue, et puis que je me suis faillie de cette sorte, pour vous monstrer combien je vis franchement, avec vous, je vous veux dire ouvertement ma pensée. Je vous honore, Paris, autant qu’homme du monde, et je vous aime