Page:Urfé - L’Astrée, Troisième partie, 1631.djvu/450

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

comme si vous estiez mon frère ; si cela ne vous contente, je ne sçay que vous pouvez désirer de moy. – Belle Diane, dit Paris, il est vray que cette declaration m’est extrémement agreable, et que je demeure plus que satisfaict en qualité de fils d’Adamas, mais nullement en celle de Paris, parce que mon affection vous demande quelque chose davantage, c’est à dire non pas amitié, mais amour pour amour. – Or en cecy, reprit incontinent la bergere, si vous n’estes content et satisfaict, prenez vous en à vous-mesme, qui laissez aller vos désirs plus outre que vous ne devez, et j’aurois suject de justement me douloir de vous, si je le voulois prendre, de pretendre de moy plus que je ne dois. – Il est vray, répliqua Paris, que vous auriez le sujet que vous dites ; si je recherchois de vous, belle bergere, quelque chose qui fust outre vostre devoir ; mais tous mes desseins estans fondez sur l’honneur et sur la vertu, il me semble qu’avec raison vous ne pouvez vous plaindre de mes desirs. Et afin que je parle à cœur ouvert à celle à qui est ce mesme coeur, sçachez, belle bergere, que je me suis tellement donné à vous que je ne puis avoir ny repos ny contentement, que de mesme vous ne soyez mienne, mais avec la condition que je le dois et puis désirer, qui est en vous espousant.

– Vous me faites de l’honneur, respondit alors Diane froidement, d’avoir cette volonté. J’ay des parens qui peuvent disposer de moy :