Page:Urfé - L’Astrée, Troisième partie, 1631.djvu/45

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

ont-elles esté importunes, mais si feray bien la pensée qu’il me donna de vous conduire chez moy, sous le nom, et sous les habits de ma fille Alexis, parce que c’est de luy, sans doute, qu’elle vint ; d’autant que faisant dessein de vous remettre au comble de vos felicitez, il a voulu que comme la fortune, sans que vous ayez fait faute, vous a ravy vostre bien, de mesme il vous soit rendu sans que vous y ayez en rien contribué. Et d’effect, quel commencement est celuy-cy ? Et croyez-vous que sans son ayde particuliere, ces habits qui vous couvrent peussent abuser les yeux de tant de personnes ? Qui est-ce de tout vostre hameau, mesme de vos amis plus familiers, qui ne vous ait veu et mécogneu ? Il n’y a pas jusques à vostre frere qui n’y ait esté trompé. Et là, ne s’arrestant les faveurs de Tautates, n’a-t’il pas mis en la volonté d’Astrée de vous venir visiter ? Et pouvez-vous desirer un commencement plus favorable pour vostre restablissement ? Et toutesfois plein de mécognoissance, vous vous plaignez, ou pour le moins ne recevez ces biens faits de bon cœur. Prenez garde, mon enfant, vous dis-je encor un coup, que vous ne le faciez courroucer, et que changeant les biens aux maux, il n’appesantisse de sorte sa main sur vous, que vous ayez juste occasion de vous douloir. - Mon pere, resppndit Alexis, je recognois la bonté de Tautates, et le soing qu’il vous plaist avoir de moy,