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Page:Urfé - L’Astrée, Troisième partie, 1631.djvu/48

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prenant un petit sentier à main droite, qui en fin le conduisit dans le bois où estoit le vain tombeau de Celadon, et passant plus outre parvint au pré qui estoit devant le temple d’Astrée. Mais à peine avoit-il mis le pied dedans, qu’il apperceut de l’autre costé deux hommes , à cheval, dont l’un estoit armé, et avoit en la main droite un gesse, en l’autre un escu, le heaume couvert par derriere d’un grand panache blanc et noir, qui alloit flottant jusques aupres de la crouppe du cheval, le corselet et les tassettes escaillées, et les mougnons enlevez en muffles de lyons, qui sembloient de vomir la cane du brassal, la cotte de maille descendant jusques aupres de la genouilleure, où les greves s’attachoient à boucles d’argent. Son espée mousse, et qui sembloit de se tourner presque en demy cercle, pendoit à son costé attachée à l’escharpe, qui luy servoit de baudrier, de la mesme couleur que le panache, et qui rompue en divers lieux ne sembloit estre que le reste des bois, et d’un long voyage, aussi bien que son panache presque gasté des pluyes et des ronces.

Aussi tost que Paris l’apperceut, se souvenant de ce qui estoit autrefois advenu à Diane, lors que Filidas et Filandre furent tuez, il se rejetta dans le bois ; et toutesfois desireux de sçavoir ce qu’ils feroient, les alla accompagnant des yeux à travers les arbres. II vid donc qu’aussi-tost qu’ils furent entrez dans le pré, et qu’ils eurent apperceu l’agreable