Page:Urfé - L’Astrée, Troisième partie, 1631.djvu/506

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du mal qu’il avoit dict des femmes. Mais parce qu’il sembla à Polemas que Galathée alloit trop lentement, et que son nepveu qui tomboit desja, seroit du tout des-honoré s’il retardoit davantage, il fit signe à quelques uns des siens, qui soudain à course de cheval allerent pour heurter Damon qui, ne se doutant de cette supercherie, n’y eust point pris garde, sans le cry de Galathée et des nymphes, auquel tournant la teste, il vid venir sept ou huict chevaliers, l’espée en la main qui le menaçoient. Tout ce qu’il peut faire fut de se reculer vers son escuyer, et gauchir au hurt des chevaux le mieux qu’il peut, mais sa disposition fut tres-grande et admirée de tous, puis que, sortant de ce long combat où il avoit bien eu le loisir de se lasser, aussi-tost que ces chevaliers furent passez, et que son escuyer luy presenta son cheval, il sauta dans la selle sans mettre le pied à l’estrier. Aussi ne luy falloit-il pas moins de diligence pour se garantir de l’outrage qu’ils luy vouloient faire, car à peine avoit-il pris et ajusté la bride de son cheval, qu’il les eut tous sur les bras, quelque défense que Galathée leur sceust faire, qui se trouva bien empeschée avec ses nymphes parmy tous ces chevaux.

Quant à Polemas, il feignoit de ne point voir cette confusion, estant auprès d’Argantée, où il faisoit l’empesché à commander qu’on le mist à cheval pour le faire promptement emporter. Cependant les chevaliers assaillirent de sorte l’estranger, qu’encores