Page:Urfé - L’Astrée, Troisième partie, 1631.djvu/699

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

marchant et nuict et jour, il le trouva encores en sa maison, prest toutesfois de partir le lendemain. Il estoit de fortune encores au lict, et ce jeune homme s’approchant de luy : Seigneur, luy dict-il, j’ay de grandes choses à vous dire, faictes sortir tous vos gens d’icy.

Et lors, le leur ayant commandé et fermé la porte par le dedans, Arimant le voyant tout effroyé, soupçonnant quelque grand accident, s’estoit à moitié relevé sur le lict et comme devinant son mal : Est-elle morte, luy demanda-t’il, ou vit-elle encore ? Alors ce jeune homme, fondant de larmes et luy presentant mon mouchoir : Hélas ! seigneur, respondit-il, voilà qui vous dira ce que la douleur m’empesche de pouvoir proferer. Et lors s’abouchant sur une table, se mit à sangloter comme s’il eust voulu mourir. Mais Arimant, despliant ce mouchoir, et au commencement le voyant tout taché de sang, et enfin, lisant ce que j’y avois escrit du doigt : TIENNE JE MEURS, ARIMANT. O dieux ! dit-il, elle est donc morte. Et lors, tombant à la renverse dans le lict, il demeura comme mort.

Ce jeune homme, apres avoir cessé un peu ses pleurs, et prenant garde que le chevalier ne disoit mot, courut vers luy, et le trouvant esvanouy, le releve sur le lict, l’appelle et le tourmente pour le faire revenir. Mais voyant qu’il n’en faisoit point de signe, et craignant qu’il ne luy mourust