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Page:Urfé - L’Astrée, Troisième partie, 1631.djvu/714

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enfin voicy ta Cryseide que les dieux ont refusée pour ne te faire une si grande injustice que de te ravir ce qui est si bien à toy. – Madame, dit-il, je recognois en cela que veritablement ils sont dieux, puis qu’ils sont si justes. Mais quel pensez-vous que vous me rendez, quand vous me dites que Cryseide est mienne ? – Arimant, repris-je, soyez certain que si Cryseide n’est vostre, elle n’est point du tout. Je le vous ay escrit de mon sang, et si vous en voulez un plus grand tesmoignage, vous l’aurez de moy, et tout tel que mon honnestété me le pourra permettre, car je pense estre bien raisonnable, qu’ayant voulu mettre la vie pour me conserver toute à vous, je ne reserve plus rien qui ne soit vostre, ou pour mieux dire à vostre discrétion, sinon ce qui seul me peut rendre digne d’estre à vous.

II vouloit respondre, lors que Clarine le vint oster d’aupres de moy, parce qu’elle oyoit marcher dans l’anti-chambre : Se retirant donc diligemment, il se mit aupres de son compagnon qui commençoit desja à desployer sa marchandise, et à la monstrer à Clarine qui faisoit grandement l’empeschée à bien considérer la bonté, et la beauté de la toile.

Et en mesme temps Rithimer entra dans la chambre. Il avoit accoustumé de me veoir fort souvent, et sembloit que le bruit qui couroit par la ville de l’amour qu’il me portoit ne fut point faux, car despuis l’accident