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Page:Urfé - L’Astrée, Troisième partie, 1631.djvu/763

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des amis de celuy que nous defendions, qui le secoururent, de sorte que de ces tumultueux les uns furent tuez, les autres pris, et le reste s’enfuit.

Ce capitaine, se voyant hors d’un si grand danger, remercia ses amis, mais ne cognoissant point Arimant : Chevalier, dit-il, duquel la valeur m’a aujourd’huy conservé la vie, voyez quel service vous voulez de moy en eschange de l’assistance que j’ay receue de vous, car ce sera chose bien difficile si je ne m’essaye de le faire. Mon maistre luy respondit en langage gaulois : J’estois obligé à ce que j’ay faict, mais si c’est chose qui vous ayt esté agreable, je ne vous demande sinon que vous me receviez pour vostre prisonnier, et que vous me traittiez en chevalier, tel que vous estes et que je suis. Ce capitaine alors, le considerant de plus pres, et voyant à la différence de ses habits, qu’il n’estoit pas Bourguignon, luy dit : Je vous reçoy, chevalier, comme vous desirez, non pas pour vous traitter en prisonnier, mais en amy, et en chevalier qui le merite, et vous donne ma parole que je mourray plustost que vous receviez quelque desplaisir de nostre armée.

Voilà donc Arimant et moy, avec ce capitaine, qui s’appelloit Bellimart, homme à la verité de grand credit, mais grandement sujet au bien, ainsi qu’il nous le fit paroistre bien tost, et suivant la coustume