Page:Urfé - L’Astrée, Troisième partie, 1631.djvu/764

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des Visigots, se souvenant fort peu des bienfaicts, parce qu’il estoit Visigot, encore qu’il suivist Gondebaut roy des Bourguignons, comme personne qui cherchoit la fortune par tout où il esperoit de la trouver. Pour le premier jour, nous receusmes tous les bons traittemens qui se pouvoient attendre en semblable occasion ; mais le lendemain, ayant esté informé par quelques-uns de la ville de la qualité du prisonnier qu’il avoit, il commença de le tenir sous meilleure garde. Et feignant que ce fust afin de le faire guerir plus promptement ; luy dit qu’il ne falloit point sortir de la chambre, deffendant que personne parlast à nous, et puis voyant que l’armée devoit partir, et ne sçachant où elle alloit, il eut peur de le perdre. C’est pourquoy, le soir, il tira mon maistre à part, et luy dit que pour s’acquitter de la parole qu’il luy avoit donnée, il estoit contrainct de luy faire passer les Alpes, parce que le roy ayant esté informé que luy seul avoit esmeu toute la ville, et avoit esté cause que plusieurs des siens estoient morts, il le faisoit chercher par toute l’armée, desirant de le faire mourir pour mettre terreur aux autres villes voisines. Que, contre toute autre, il pourroit peut-estre resister, mais qu’à l’authorité du roy, il estoit impossible. Que le faire sauver, et l’envoyer libre parmy les siens, il le voudroit bien, si c’estoit chose qu’il osast faire si promptement, mais que plusieurs sçavoient qu’il estoit