entre ses mains, et qu’il iroit de sa vie, si l’on estoit adverti qu’il l’eust relasché sans le consentement du roy, et qu’au contraire il ne pouvoit point estre blasmé de luy faire passer les Alpes, puis qu’il avoit esté permis à tous ceux de l’armée d’envoyer chez eux et les prisonniers et le butin. Mais qu’aussi tost que l’armée seroit retournée en Bourgongne, il le renvoyeroit à Eporedes, ou en quelque autre lieu qu’il voudroit aller.
Arimant alors luy demanda si la royne envoyoit aussi ses prisonnieres. – Nous n’avons point icy de royne, respondit-il, mais l’on envoye aussi toutes les prisonnieres, afin de descharger l’armée. Mon maistre me regarda, comme disant que je l’avois trompé, et puis continua : J’iray, dit-il, par tout où vous voudrez, m’asseurant qu’un chevalier si courtois et accomply ne me fera point autre traittement que celuy qui se doit à une personne de ma qualité, et qu’on peut attendre d’un chevalier tel que vous estes.
Ainsi dés le lendemain, de grand matin, non pas sans grand danger de la vie de mon maistre, ny sans une tres grande incommodité à cause de ses blesseures, nous fusmes emmenez avec un convoy pour la garde de plusieurs autres prisonniers, sans que nous puissions sçavoir de vos nouvelles, sinon que le roy, avoit faict mettre toutes les dames ensemble, afin qu’il ne leur fust point fait d’outrage. Apres avoir passé les