Page:Urfé - L’Astrée, Troisième partie, 1631.djvu/775

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mon affection et ma fidelité, si vous voulez, demain vous la verrez, ceste belle qui a tant pris de peine pour vous donner ce contentement, mais je crains fort que ce soit le dernier service que je vous rendray jamais. – Je ne voudrais pas, adjousta Arimant, achepter ce contentement avec ta perte, mais s’il se pouvoit autrement, j’en serois bien aise. – Je vous diray, adjousta-t’il, ce que j’ay deliberé.

Et lors il commença à luy raconter de quelle façon il avoit trouvé Cryseide dans le temple, comme il avoit parlé à Clarine, et apres, tout ce qui s’estoit passé entre Cryseide et luy dans le jardin, la resolution qu’elle avoit faicte de se sauver, et bref, tout ce qui s’en estoit ensuivy et enfin, comme elle estoit à Gergovie vestue à la gauloise, où elle l’attendoit. Et puis continua : Or seigneur, il faut vous haster de sortir d’icy, car sans doute le roy Gondebaut doit estre de retour à l’heure que nous parlons, et vous devez croire que Bellimart ne tardera gueres, ou à venir, ou à vous envoyer querir, puis que son avarice est telle qu’elle ne le laissera gueres en repos. Et Dieu sçait quel traittement il vous fera ! Si vous avez memoire de l’ingratitude dont il a usé envers vous, vous cognoistrez aisément qu’il ne faut pas esperer plus de courtoisie à l’advenir que vous en avez espreuvé par le passé. Outre qu’il est impossible que Cryseide demeure long temps où elle est, que le roy Gondebaud n’en soit adverty, et il faut que vous sçachiez que ce roy est devenu