Page:Urfé - L’Astrée, Troisième partie, 1631.djvu/79

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haine contre les hommes. A quoy la venerable Chrisante respondit, que ces sages déesses n’avoient pas banny par hayne les hommes de leurs autels, mais pour quelques bons respects, et peut-estre pour rendre leurs vestales plus attentives à leurs mysteres, n’en estant point distraictes par la veue des personnes de qui les perfections les pourroient faire penser ailleurs.

Hylas qui n’avoit guere de devotion aux dieux de son pays, et par consequent beaucoup moins à ceux qui luy estoient estrangers, prenant la parole pour Paris, et pour Silvandre, luy respondit : Si ces déesses ne nous veulent point de mal, je m’en remets à ce que vous en, dites ; mais si m’advouerez-vous, madame, que nous avons occasion de nous plaindre d’elles, et qu’il nous est bien permis de desirer que s’il ne leur plaist de changer d’advis, on ne leur fasse plus de sacrifice en ces contrées, ou pour le moins qu’il soit deffendu aux belles, qui se treuveront en la compagnie d’Hylas, d’y aller pour quelque occasion que ce soit. – Berger, dit la venerable Chrisante, Dieu n’exauce que les souhaits qui sont justes, et qui sont faits avec une bonne intention.

A ce mot, elle se retira dans le temple, parce qu’une vestale estoit venue sur le sueil de la porte crier, selon leur coustume pour la troisiesme foi.

Loing d’icy, loing profanes.

Cela fut cause qu’Hylas ne peut luy respondre