Page:Urfé - L’Astrée, Troisième partie, 1631.djvu/80

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comme il eust bien desiré : car aussi tost qu’elle fut entrée, les portes furent fermées de sorte que Paris et tous ces bergers furent contraints de les aller attendre dans le boccage sacré, où le druide devoit faire le sacrifice, quand celuy de Vesta seroit achevé.

Ces vierges vestales estoient vestues de robbes blanches, presque carrées, et si longues par le derriere, qu’elles les pouvoient jetter sur leurs testes, pour se voiler, quand elles entroient dans le temple pour sacrifier. Ce jour estoit dedié à Vesta, car pour n’estre surchargées de trop de sacrifices, les jours estoient separez, où l’on sacrifioit à Vesta, ou à la bonne déesse.

Or celuy-cy estant pour Vesta, aussi tost que le temple fut fermé, et que toutes les vierges vestales et druides, et les bergeres eurent pris leurs places, elles se prosternerent en terre au premier coup que la vestale Maxime donna d’un livre sur un banc, qui se levant et prenant un rameau de laurier qu’une jeune vestale lui presenta et qui estoit mouillé dans l’eau qu’ils appelloient lustrale, qu’elle luy portoit apres dans un vaze d’argent, elle s’en jetta un peu dessus, et puis en fit de mesme sur toute la compagnie, qui prosternée recevoit cette eau avec grande devotion. Apres, s’estant toutes relevées, et elle retournée en son siege, une autre jeune vierge luy presenta une corbeille