Aller au contenu

Page:Urfé - L’Astrée, Troisième partie, 1631.djvu/810

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

peu de chose, car il est le premier de la province des Lybicins, et son pere qui n’a que ce seul enfant, tellement eslevé en credit qu’il n’y a que luy seul en toute la Gaule Cisalpine, de qui ce grand soldat Rithimer ait quelque apprehension.

A peine eut-il achevé ces paroles que Bellaris, le fidele serviteur, ne sçachant quel estoit le dessein de son maistre, et accourant en ce lieu comme presque tout le reste du peuple de la ville, et ayant esté informé de ce qu’il avoit fait pour sauver Cryseide, esmeu d’une affection extreme de retirer encores son maistre de ce peril, par la perte de sa propre vie, se vint jetter aux pieds de Gondebaut si inopinément qu’il l’empescha de respondre à Bellimart, pour ouyr ce que ce jeune homme luy vouloit representer.

Et lors qu’il vit que le roy l’escoutoit, il commença de cette sorte : Seigneur, qui t’es aujourd’huy acquis le tiltre du prince de la foy, par l’acte que toute ceste grande assemblée t’a veu faire en ceste occasion, je me jette à tes genoux, pour te supplier de n’estre moins observateur de ta parole envers moy, que tu l’as esté envers ce chevalier, dit-il, monstrant Arimant. – Estranger, dit Gondebaut, ny toy ny personne vivante ne me reprochera jamais que je contrevienne à ce que je promets. – Seigneur, reprit Bellaris, ainsi puissent les dieux augmenter ta couronne comme cette action te rend digne d’estre monarque de toute la