Page:Urfé - L’Astrée, Troisième partie, 1631.djvu/858

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Hylas. – Quant à moy, repliqua la bergere, je ne les eusse pas faict escrire, si elles ne m’eussent semblé tres-justes et tres-raisonnables. – Quant à moy, interrompit Silvandre, j’y en voudrois adjouster encore une. – Et laquelle, respondit Hylas ? – Que, quand bon vous semblera, reprit Silvandre, vous n’observerez pas une de toutes celles que vous avez escrites, autrement vous contrevenez à vostre intention, car elle n’est que de vous aymer sans contrainte. Or si vous estes obligez d’observer ce que vous avez escrit, n’estes-vous pas contraints à suivre ce qui est escrit ? – Ma future maistresse, dit Hylas, apres y avoir un peu pensé, je croy que veritablement ce berger ne parle pas du tout sans raison. – Et quoy ! mon futur serviteur, dit Stelle, voudriez-vous changer d’opinion pour l’advis que Silvandre vous donne ? Silvandre, dis-je, que vous publiez par tout vostre grand ennemy. – La honte, respondit Hylas, par laquelle vous me voulez empescher de recevoir les conseils que je crois estre bons, n’a guere de puissance sur moy, y ayant fort long-temps que l’une des principales maximes, que je tiens pour la conduite de ma vie est celle-cy :


Qui voit son bien, et ne le veut,
A tort, puis apres, il se deult.

Et quant à ce que vous dites que Silvandre est