Page:Urfé - L’Astrée, Troisième partie, 1631.djvu/876

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à dire les raisons par lesquelles vous devez avoir la victoire. Alors Phillis ayant fait une grande reverence à Diane et au reste de la compagnie, sans se r’asseoir, commenca de parler de cette sorte.

Harangue de la bergere Phillis

Je n’eusse jamais pensé, ma maistresse, que parmy les bergers de cette contrée et particulierement entre ceux qui paissent leurs troupeaux le long des rives de Lignon, il s’en trouvast quelqu’un si remply de vanité, qu’il se peust estimer digne d’estre estimé et mesme d’une bergere si pleine de merite que Diane, Diane, dis-je, la plus accomplie et la plus parfaite, non seulement de toutes celles qui ont porté la houlette, et conduit les troupeaux, mais encore de toutes celles qui jamais ont eu le beau nom de Diane, me semblant que la simplicité de leur ame n’a point encore conceu une presomption si difforme, ny qu’un monstre si arrogant n’a point jusques icy esté recogneu parmy nous. Toutesfois, vous le voyez devant vos yeux, ma belle maistresse, non seulement avec un cœur et un visage plein d’amour, mais la teste couverte