Page:Urfé - L’Astrée, Troisième partie, 1631.djvu/882

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ay par dessus toy. Que si tu ne le fais, tu ne prolongeras point d’advantage le terme du chastiment de ton arrogance, qu’autant que tu retarderas par la longueur de ta response le jugement que nostre maistresse en fera. Et parce que je ne sçay en quelle humeur tu es, afin d’estre bonne mesnagere du temps, et pour haster d’autant plus la gloire qui m’est preparée, je laisseray tant d’autres raisons que je pourrois alleguer, et les remettray toutes au bel esprit de nostre maistresse, m’asseurant, et qu’elle les sçaura mieux penser que je ne le sçaurois dire, et que tout ce que je sçaurois adjouster seroit desormais superflu, puis que desja la justice de mes infaillibles pretentions est si claire, qu’il n’y a rien qui luy puisse apporter plus de lumiere.

Seulement, ma maistresse, je vous supplie de vous souvenir que non seulement Silvandre est hayssable en ses feintes, mais qu’ayant sceu si bien déguiser une menteuse affection, il a rendu tous les hommes mesprisables, ou pour le moins leurs recherches et leurs affections, nous ayant appris par la preuve qu’il en a faicte, qu’il n’y a ny foy, ny verité parmy eux. Et ayant commis une si grande faute, n’est-il pas bien raisonnable qu’il vous ressente juge severe, mais juste, puis qu’il ne merite pas de vous avoir pour maistresse favorable, n’ayant que des feintes et des dissimulations ?

A ce mot, Phillis ayant fait une grande reverence à Diane, et au reste